Objet:                                        pentecôte en Baden Würtemberg

 

 

 

     Autant être franc, si le périple de Lorraine en Baden-Würtemberg dans le cadre du jumelage Ennery (Val d’Oise) / Oberriexingen (Baden- Wûrtemberg) fut une jolie expérience dans l’ensemble, elle s’avéra particulièrement laborieuse dans mon cas. Nous avions prévu un petit voyage Línea recta de 260 kms… Saint joseph de Cupertino, patron des aviateurs, en décida autrement. A moins que ce ne soit St Michel, patron des parachutistes qui, dans une joute divine dont les cieux ont le secret, sabra partiellement notre projet.

 

     Tout cela avait pourtant bien commencé. La nuit lorraine d’Angevilliers, fraîche et calme avait précédé un petit matin prometteur. Un premier décollage sur une pelouse veloutée de rosée. Un biplace ronronnant avec Floriane comme passagère. Un ciel bleu particulièrement lumineux.

     Oui mais voilà ! quinze minutes après le décollage, de ce même orient qui nous avait offert nos premiers rayons radieux commencèrent à déferler une horde de nuages barbares hésitant à se définir entre brume et stratus. Thionville avalée sur notre arrière droit, les nuées dévoraient déjà la centrale nucléaire de Cattenom. En tête de cortège, deux solutions s’offrent à moi : tenter de contourner l’obstacle par le nord en me rabattant lentement vers l’est. C’est vain, illusoire et chronophage… particulièrement quand on chevauche un engin qui consomme beaucoup et qui n’a qu’une heure et quart d’autonomie tout au plus. La seconde, la plus sage, est de rejoindre le plancher des vaches que nous offre un magnifique près du côté de Hettange-Grande, dont les herbes ont été fraichement coupées. Il est 8h40 et les thermiques commencent déjà à montrer des signes d’impatience. Le second vol se fera donc en solo… mais en chariot car j’ai oublié, léger détail,  les cannes indispensables pour solidariser la sellette et le moteur.

 

     Redécollage vers 10h30 et vol « yoyo » à travers la Moselle orientale pour aboutir 1 h 10 plus tard, sans plus une goutte dans le réservoir, à Villing, 2km à l’Ouest de la frontière allemande. Il est prêt de midi. Nous sommes prêt depuis 7 h et nous avons parcouru 45 km en ligne droite. A ce rythme, notre petite épopée risque fort de se transformer en expédition marco-polesque. La suite jusqu’à la frontière rhénane se fera en fourgonnette.

    Néanmoins les suspentes me démangent. Vers 18h, après avoir repéré un terrain de décollage potentiel pour le lendemain matin je décolle seul ( et à pied cette fois, grâce à la sellette de Mathieu) sur une petite friche à quelques encablures de Münchhausen (non, non, pas celui du baron ! ). Ma mission : repérer un terrain mieux adapté au décollage chariot-biplace par petit matin déventé. Matthieu a repéré que je n’ai pas oublié d’embarquer l’appareil photo. Il a bien compris que la tâche que je me suis moi-même attribuée est secondaire. Ce sera donc un vol plaisir. Plaisir de découvrir ce petit bout de plaine d’Alsace traversée par un Rhin rectiligne et majestueux sous la lumière rasante du couchant. Plaisir de vagabonder entre les étangs qui bordent le fleuve en arborant des airs de lagon. Plaisir d’entrevoir les reliefs ondulants de la forêt noire. Plaisir de virevolter entre les deux rives de ce trait d’Union qui nous a pourtant si longtemps séparé de nos voisins germaniques. En regardant vers la gauche, je me plait à imaginer son cours traversant les collines de schiste gardées par de fières forteresses médiévales. Un jour peut être aurais-je l’occasion de pousser la ballade aérienne jusqu’à Rotterdam, porte maritime de notre cher vieux continent.

     Posé sur une jetée au bord du grand fleuve aux accents wagnériens, suivi d’une soirée barbecue avec nos motards annericiens (d’Ennery) et de nouveaux amis d’outre-rhin venus à notre rencontre. Autant dire que la saucisse (de Toulouse) fit ce soir là bon ménage avec la bière et le schnaps, avant un repos sous tente bien mérité.

 

     Samedi matin ; 7h ; terrain d’Ulm à une dizaine de km à l’ouest de Münchhausen.  

     La scoumoune me rappelle à son bon souvenir. Mon destin ne sera pas de traverser le Nord du Bade-Wurtemberg en vol.

     Après avoir préparé le chariot, le moteur tousse puis s’enrhume pour de bon. Tentative de démarrage sur la batterie de la camionnette - qui s’avéra une erreur funeste. Démontage, remontage de l’autre moteur .Rien n’y fait. Le fusible du biplace est grillé, je n’ai plus une seule batterie en état de délivrer une quelconque impulsion salvatrice et nous ne disposons plus d’assez de temps pour préparer de nouveau tout le matos. Mathieu décolle vers des cieux plus cléments. 

     A cet instant précis l’image vengeresse d’un marteau-pilon qui viendrait réduire tout mon matériel en un petit cube de métal façon « compression de César » vient caresser  intensément mon esprit. Cette mésaventure risque en tout cas de sonner le glas de mes vols bivouac en biplace. Adieu donc veau, vache, cochon… C’est la mort dans l’âme que je refourgue tout le matériel dans la remorque avec l’aide bienveillante de Jean Pierre, Jean Marie et de Floriane que je remercie chaleureusement au passage d’avoir supporté mon humeur fumasse. Nous prenons la route pour Vaihingen, lieu de rencontre avec le seul délégué volant en état d’assumer sa tâche.

 

    Mathieu est bien là, au milieu de pilotes de planeurs allemands, son matériel impeccablement rangé comme pour rendre hommage à nos hôtes. L’appel du ventre impose à mes compagnons de prendre le véhicule pour trouver un point de ravitaillement alimentaire Je ne ferais pas partie du voyage ; obtus, peut être, têtu sans doute, pugnace très certainement, je reste avec Jean Marie pour monter le moteur solo avec des fragments de l’autre. Le premier véritable miracle du week-end se produit. Le moteur vrombit ! le temps d’y accrocher la sellette de Matthieu et bonjour Vaihingen.

     Il est vrai que la vue aérienne mérite le détour. Un petit château aux coteaux bordé de vigne  et une ville sortie tout droit d’un décors d’opérette se dévoile sous mes galures. Ces 25 petites minutes de vol me vengent d’une bonne grosse demi journée de galère… Le coquin de sort se prendra sa revanche quelques heures plus tard en me faisant trébucher lors d’un redécollage malheureux. Bilan une cage en allumette mais heureusement l’hélice…. et le pilote sont intacts.

 

     A chaque jour suffit sa peine…. Et pour dire le vrai, je commence à être superstitieux et à croire dans la loi des séries. Autant dire que je ne suis pas particulièrement pressé de voir se lever le lendemain. Le copieux banquet germano-gaulois offert généreusement par nos hôtes d’Oberriexingen chasse mes mauvaises pensées

 

Vincent (le vicomte)

 

 

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Angevilliers (Moselle)

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La Lorraine, pays d’eau et de lumière

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Cattenom…. De loin, c’est assez photogénique

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La même centrale de près… c’est plus inquiétant

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La cité des officiers » si, si ! c’est bien son nom. Et ça peut se comprendre quand on sait qu’on est à moins d’un km de la ligne Maginot !

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Oudrenne (Moselle)

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Petit village du plateau lorrain… les habitants me pardonneront d’avoir légèrement occulter son nom

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Voila a quoi ressemble un chariot biblace…amputé de ses roues

Voilà à quoi ressemble un pilote qui replie sa voileIMG_1780.JPG

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Münchhausen l’alsacienne

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Le Rhin humanisé depuis quelques siècles…

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Münchhausen fut probablement aussi un village de pêcheurs si on en juge par les barques

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Je n’ai pas retrouvé l’or du Rhin mais j’y ai découvert des trésors sur ses rives… Ce qui est pour le moins étonnant c’est que ce lac se nomme le Goldkanal !

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Münchhausen

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Mothern

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Vaihingen (Baden-Würtemberg)

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