Bonsoir a tous …

On la croit grise et trempée comme l’acier qui sortait autrefois de ses laminoirs désormais sinistrés. C’est en réalité un joli coin de terroir que ce petit bout de Lorraine qui tend la main à son voisin Luxembourgeois, soudés au pays de Sarre par les méandres de la Moselle. Elle a des accents wagnériens En tendant l’oreille, on peut déjà y percevoir les premières notes du chant de la Lorelei.

C’est à ses portes que depuis près de 15 ans se rassemblent quelques centaines de fous volants accrochés par les kilomètres de ficelles à de gigantesques mouchoirs multicolores, venus des 4 coins d’Europe et quelques uns d’outre atlantique : Basse Ham, la rave-party géante du paramoteur. Imaginez, sur un très large champ, des centaines d’illuminés envoutés par le parfum de l’octane 98 au son des mélopée des pistons comme d’autres en des temps moins troublés par Jimmy Hendrix dans les volutes de marijuana.

Vendredi au lever, la cime des peupliers du Val d’Oise nous indique clairement le chemin, celui qu’empruntaient les filles de Louis XV pour aller visiter leur papy polonais en résidence à Nancy et qui lui valu le surnom de chemin des Dames, même chemin qu’empruntât à son tour Louis XVI et qui lui valu d’être raccourci par le haut, même chemin enfin que des milliers de piou-pious hirsutes empruntèrent durant la Grande guerre pour aller casser leur pipe devant les mitrailleuses allemandes.

Philippe m’avait pourtant gentiment offert son assistance pour rallier par les airs ce petit coin de paradis, malencontreusement couronnés des 4  titanesques tours fumantes de la centrale nucléaire de Cattenom

La météo n’est pas, hélas, au rendez vous

L’inclinaison des arbres laisse entrevoir qu’à moins de vouloir battre le record de vitesse sous chiffons il vaut mieux s’abstenir. D’autant que, pour ma part, je n’ai jamais trouvé le frein à main sur ma machine…Même au pied du moulin de Valmy ou nous fîmes halte, mon ardeur don Quichottesque fut sérieusement tempérée par le zéphyr turbulent qui poussait notre véhicule vers des cieux plus orientaux.

Peu importe, le plaisir de retrouver des visages connus venus des 4 coins de l’hexagone, la fabuleuse odyssée aérienne de Karim que nous vîmes traverser notre champ de vision en provenance de ses montagnes savoyardes, en cette soirée à la météo désormais apaisée et le sourire de Bernard Clavier dont nous ignorions alors qu’il fut parmi les derniers, payent toutes nos petites frustrations.

La soirée fut tant orgiaque que  j’hésite à la décrire. Pour ma part elle se termina allongé sur l’herbe à peine sèche du camp gaulois, la tête embrumée et les yeux rivés aux étoiles.

La seconde partie de la nuit… et un bon morceau de la matinée qui suivit furent plus calmes et revigorants. L’idée d’une petite excursion touristique en compagnie de Jean Pierre ayant fait son chemin, nous voici, cahin caha sur la piste qui pour notre malheur vient d’être momentanément fermée à cause d’un touriste qui a apparemment et bien malencontreusement réchauffé ses petits petons aux frais d’EDF . Je passe sur nos décollages hasardeux et laborieux, et nous voilà, cheveux au vent et les doigts dans la prise, à la conquête de l’Est.

D’habitude, si on excepte le malheureux épisode de l’illumination du palatinat par les troupes du maréchal de Villars commandité par le Roi soleil ou les parties de campagnes du petit caporal corse, c’est plutôt dans l’autre sens que ce sont faites les migrations du XXe siècle de nos germains cousins. Ayant repéré une petite bricole à me mettre sous la dent j’y entraine mon joyeux camarade qui pour sa part m’avoue naviguer à l’aveuglette.

Dans un petit vallon boisé, repose un décor tout droit sorti de Cinecitta. Il s’agit de la reconstitution d’une villa romaine. Il est vrai qu’à quelques jets de pilum de là coule paisiblement la Moselle de ci delà au gré de la fantaisie de ses méandres et dont les coteaux hérissés de pieds de vigne devaient déjà alimenter en sesterce les coffres de quelques sénateurs gallo romains et dont le nectar devait copieusement arroser le gosier des légionnaires romains, vautrés sur le limes voisins, attendant ivre-morts qu’Attila ou quelques autres barbares de même acabit ne viennent fouler l’herbe de notre fière patrie gauloise.

Un peu plus au Nord Est, changement de décors et changement d’époque. Au beau milieu d’une colline boisée fermée par les méandres de la Sarre, se dresse encore fière la silhouette rougeâtre d’une forteresse médiévale abandonnée de dieu et des hommes. Il s’agit du château de Montclair qui comme son nom ne l’indique pas servait de punching-ball dans les petites joutes féodales opposant les ducs de Lorraine aux archevêques de Trêves, tout germaniques que fussent les uns comme les autres. Quand on n’a pas la chance d’avoir la télé, on s’amuse comme on peut…

Un peu engagé dans ce petit paradis qui tient de la Suisse et des fjords norvégiens, mon camarade n’a pas demandé son reste et s’en est déjà retourné vers le grand rassemblement. Même en passant la 5ème, je n’arriverais pas à le rattraper. D’autant que l’aérologie a singulièrement changé depuis 1 heure. Le petit suroit qui avait poussé nos ailes aux confins de l’hexagone s’est désormais allié aux cumulus ambiants pour nous offrir de délicieuses bulles thermiques. Désormais, pour prendre des photos, il faut que je m’accroche à mon Canon. Il est temps d’aller déguster le nectar charentais que Pierrot Dabreteau a ramené de son Angoumois natal.

 

Quelques rasades et un sommeil réparateur plus tard, la horde de paravroumistes gaulois qui m’entoure est déjà sur le pied de guerre.

Notre Pierrot charentais est venu souvent à Basse Ham sans rendre hommage aux sires de Manderen. C’est l’occasion de l’escorter jusqu’au château de Malbrouk, dénommé ainsi parce que ce méchant buveur de thé, si fréquemment raillé par la chanson populaire de notre beau pays y avait pris ses quartiers en 1705, avec la ferme intention d’aller visiter Versailles sans pourtant y avoir été invité.

Ce Churchill là s’en est retourné chez lui en nous laissant un des plus beaux fleurons de l’architecture militaire en Lorraine.

Le retour sur Basse Ham, après un détour guerrier sur la citadelle de Sierck-les-Bains, toujours assiégé par une hideuse construction datant de l’ère stalinienne fut dans l’ensemble champêtre et bucolique. Une petite visite à la modeste demeure des abbés d’Echternach qui devaient, à la vue du petit palais qui siège sur les coteaux de la Moselle à Berg, se la couler douce entre deux rasades de vin de messe, et nous voilà serpentant comme la Moselle en vue du terrain au dessus duquel virevoltent encore quelques dizaines de moustiques multicolores. Une bien belle balade

En un mot comme en cent, ce fut un Basse Ham grande cuvée qui a tenu toutes ses promesses avec en particulier le plaisir de revoir des visages connus et celui d’en découvrir de nouveaux. On ne sait où se tiendra le prochain rassemblement mais on ne doute pas qu’il relève le gant.

 

Vincent (le Vicomte)

 

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Karim à l’approche : 500km de balade aérienne, une broutille…

 

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Claude a sorti le carton rouge : ça va barder !

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Jean Pierre de St Pathus cherche sa voile… Je te rassure, elle est bien là

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Ce qu’il faut admirer ici c’est le magnifique édifice post stalinien à gauche

 

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Nos tudesques cousins nous ont reconstitué une magnifique fermette romaine très kitsch. Il n’y manque que des figurants en jupette

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Montclair : Une petite ruine romantique aux accents wagnériens

 

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Le château de Malbrouck, clou du spectacle lorrain

 

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Ils sont forts ces belges, ils se préparent à voler dès l’âge le plus tendre

(Quelle zénitude, en prime)

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A défaut de carte, Nono, son copain Hervé et Alain étudient… les paquets de chips de l’apéro (et non de l’atérro)

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insulaire des antipodes

 

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La citadelle de Sierck-les-bains : nul doute que les chevaliers venaient y faire trempette … en cotte de maille

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Gentil couple d’oiseaux motorisés tchèques

 

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Charentais en goguette

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La Mecque du paramoteur au détour

d’un méandre de la Moselle

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Le même Charentais

 

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Pendant que certains s’envoient en l’air, d’autres s’apprêtent à en mettre dans leurs glisseurs…

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Ancienne résidence des abbés d'Echternach

C’est une bonne situation ça ? curé ?

 

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La nuit tombe sur Basse Ham… C’est l’heure où les grands fauves viennent s’abreuver

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Eh oui mon Pierrot, les émotions, ça favorise le développement du système pileux

 

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L’instinct grégaire reprend ses droits : Soyons français, restons gaulois !

 

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Les Savoyards yoddelisent

IMG_4827.jpg Les berrichons jouent du menton

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Oh Jean Pierre, : D’habitude le carburant, ça se verse dans le réservoir du paramoteur

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Les Vexinois vocalisent

 

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Même les femmes (d’outre-atlantique) s’y mettent…

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