Objet: Un dimanche à Dieppe !
Bonsoir à tous
Augurée sous
les cieux les plus cléments et une douceur de saison, la nuit fut pourtant
particulièrement fraîche, surtout durant sa seconde partie. Elle eut raison de
nos petites tentes Quechua et de nos duvets d’été. C’est en combinaison de ski
que je replie le matériel avant d’aller chercher un café salvateur à quelques
kilomètre de Dieppe.
Ambiance
marché de village et café-calva au comptoir de rigueur. Ils nous faut un petit
moment pour sortir de notre léthargie Deux expressi plus tard – sans calva -
et le pas désormais affermis, nous nous mettons en quête d’un terrain
accueillant… qui finit par se glisser sous nos pied à Offranville, petite
banlieue industrielle de Dieppe.
Peu de vent,
un soleil radieux. La circumnavigation dieppoise promet d’être veloutée. Cap
sur le manoir d’Ango, palais d’été d’un armateur dieppois du XVIème siècle.
J’en fais cinq ou six fois le tour, histoire d’immortaliser le moment et
l’endroit tandis que Matthieu, impatient, est déjà parti fricoter avec les
vagues. Et dire qu’on a oublié la bouée-canard en celluloïd. De toute façon, si
j’en juge par les températures nocturnes récentes, l’eau doit être bien fraîche
et peu accueillante. Qu’importe, on se retrouvera à Dieppe… qui tarde à se
montrer car nous sommes face au vent. La route est lente jusqu’à la longue
grève et l’esplanade gigantesque de gazon qui tapisse le front de mer. Elle est
momentanément occupé par le gigantesque chapiteau du cirque Amar. On a du mal à
s’imaginer qu’ici même, il y a 68 ans, le 19 août 1942, des soldats canadiens
ont été les acteurs principaux de la répétition du débarquement du 6 juin 1944
sur les côtes du Calvados. En remontant cette plage j’ai une petite pensée émue
pour eux et je songe que même à 300m au dessus du sol en bénéficiant de cette
vue fantastique, je n’aurais pas aimé visiter Dieppe ce jour là… d’autant plus
que j’aurais fais une cible de choix. Un bon quart d’heure pour remonter tout
le front de mer puis volte –face pour photographier le magnifique château
féodal qui trône sur une haute marche à proximité de la falaise. En deux
minutes je suis sur l’objectif à mitrailler… de photographies ce petit bijou.
Puis re-quart d’heure pour remonter le re-front de mer
A la
sortie du bassin des car-ferries à destination de Southampton, la guerre a
laissé quelques empreintes. Nos germains cousins ont essaimés de nombreux cubes
de bétons tous plus abominables les uns que les autres mais que le temps se
charge de gommer patiemment. Certains sont déjà effondrés au pied des falaises
crayeuses. D’autres penchent dangereusement en attendant de faire le grand
saut.
Je contourne
l’agglomération de Dieppe par l’Est puis cap au sud. Une fois de plus j’ai
rendez vous avec l’histoire (sic). A 6 km du rivage le château
d’Arques-la-Bataille, le bien nommé s’allonge comme un gros chat qui s’étire.
C’est ici en 1589 qu’Henri IV et la Ligue catholique se sont étripés dans la
joie et dans la bonne humeur pour décider s’il fallait dire la messe en latin.
Effectivement, ils n’y sont pas allé de main morte à en croire l’état de
délabrement dans lequel se trouve la forteresse. Franchement, quand on fait des
sottises, on répare !
Cela fait
maintenant près d’une heure et demi que je vadrouille autour du grand port
haut-normand. Il serait grand temps de songer à regagner mes pénates
temporaires si je ne veux pas travailler du téléphone portable pour quémander à
mon camarde une aide salutaire et indispensable pour me rapatrier. Il serait
trop content de me rappeler que je ne tombe en panne d’essence que deux fois
sur trois. Non Môssieur ! je ne vous ferais pas ce plaisir.
Cap plein
ouest. Un petit coucou rapide à notre bel ami Guy de Maupassant qui passa sa
jeunesse dans une belle gentilhommière de briques rouges du nom de Mirosmesnil,
une révérence au petit avion qui vient de larguer une poignée de valeureux
parachutistes et qui s’aligne vers la droite en finale sur la piste herbeuse de
l’aérodrome de St Aubin, un rapide clin d’œil à Saint-GPS pour localiser le
terrain et je virevolte au dessus de notre point de départ. Tiens, comme c’est
bizarre, le moteur continue à vibrer. Aurais-je pu aller beaucoup plus
loin ? Mon grain de fantaisie m’amène irrésistiblement à remonter à
300m du sol pour couper le moteur et finir royalement le périple en vol libre.
Un posé agréable face à un petit vent forcissant. Malgré tout, il était temps
de rentrer. Une demi-heure plus tard, ça n’aurait plus été tenable… et il ne reste
qu’un dé à coudre de nectar d’huile de roche dans le réservoir.
La suite est
plus classique. Comme on ne doit pas manquer de faire des bêtises à Cambrai,
comment peut-on séjourner à Dieppe sans déguster son poisson nappé de sauce
blanche ? Or donc, direction le port, une terrasse, un bon petit repas et
le chemin du retour en région parisienne. En attendant que le soleil récidive.
Bonne nuit à
tous
Vincent –
le Vicomte
Le
manoir du richissime armateur dieppois Jehan d’Ango |
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Le château féodal de Dieppe |
Le cirque Amar campé sur l’esplanade du front de mer de Dieppe |
Dieppe, joli port de mer…
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Entre un remorqueur hollandais et un zodiac de plongeurs,
Dieppe affirme sa vocation maritime Jehan d’Ango a également laissé son nom à un lycée futuriste
du bord de mer |
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Le château d’Arques-la-Bataille … du moins ce qu’il en reste |
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Le château de Miromesmil,
berceau de Maupassant
« chaumière » du
pays de Bray : gageons qu’on y coule des jours paisibles…